Freins à disque et vélos de route

Freins à disque et vélos de route

Alors que les constructeurs de vélos de course sur route ont commencé à commercialiser des modèles équipés de freins à disque, en espérant un feu vert clair et précis de la part de l’UCI quant à l’usage de ce dispositif en compétition, l’accident survenu au cours de Paris-Roubaix en 2016 et surtout la décision prise le 14 avril 2016 par l’instance internationale ont refroidi les ardeurs des tenants des freins à disque.

Certes, j’ai conscience que parler de ce sujet en ce début d’automne 2016 arrive un peu tard. Mais comme je suis en train d’écrire un article sur les nouveautés 2017 – parmi lesquelles les freins à disque arrivent en force – il m’est apparu utile de faire ce petit feed-back.

On peut également se reporter à un article consacré aux freins à disque que j’avais publié il y a 3 ans.

http://www.velofcourse.fr/velo-materiel/freins-disque-route-freinage-rotor-jante/

1 – Petit rappel historique

Chacun sait que les freins à disque équipent les vélos de VTT, puis de cyclo-cross depuis déjà de nombreuses années.

Vélo MERIDA 500 Cyclo-cross 2017 - Freins mécaniques TRP
 Vélo MERIDA 500 Cyclo-cross 2017 – Cadre alu – Freins mécaniques TRP

Photos réalisées par Velofcourse avec l’aimable autorisation de CYCLES Avent’URE, à Saint Laurent-sur-Saône (Ain). www.cyclesaventure.fr

Frein arrière du MERIDA 500 Cyclo-cross
  Frein arrière du MERIDA 500 Cyclo-cross

Ce vélo de cyclo-cross peut également être utilisé comme un Gravel. Monté en Shimano 105, il pèse 9.5 kg.

Mais sait-on qu’un premier système de freins à disque était apparu en 1894 !

Plus proche de notre époque, on peut considérer que l’inventeur du VTT est l’américain Joe Breeze. C’était un coureur de repack en Californie. Repack signifie « remplissage d’huile« : or on utilisait beaucoup le freins à retropédalage à cette époque. Ce procédé, appelé également « freins torpédo » brûlait beaucoup d’huile. Joe Breeze a créé un cadre (en seulement 10 exemplaires) qui préfigure les cadres de VTT que l’on a connu par la suite.

1999 correspond à la généralisation des freins à disque sur les VTT.

 

 

Frein avant Giant MPH Root Hydraulic Disc - 6" Rotors
Frein avant Giant MPH Root Hydraulic Disc – 6″ Rotors – VTT Giant Terrago 3 Disc 2009 (Photo personnelle)

En 2015, l’UCI autorise une expérimentation sur les vélos de route. Sont concernées uniquement les équipes de l’UCI WorldTour, à raison d’une utilisation de vélos munis de freins à disque sur 2 épreuves de leur choix. Les premiers tests ont lieu en août et septembre 2015.

En novembre de la même année, l’UCI décide de poursuivre l’expérimentation en 2016 en autorisant toutes les catégories d’équipes professionnelles sur route à utiliser des vélos avec freins à disque. L’objectif que se fixait alors l’UCI était l’autorisation définitive en 2017.

Pour le moment, les circonstances en ont décidé autrement.

2 – Le coup d’arrêt aux freins à disque

Au cours de la course Paris-Roubaix du 10 avril 2016, une chute collective sur un secteur pavé eu de graves conséquences pour le coureur espagnol de la Movistar, Francisco Ventoso. Il fut blessé au tibia gauche en percutant un vélo, précisément par un disque équipant ce dernier. Commentant son accident, F.Ventoso compara les freins à disque à des « couteaux géants » et des « machettes ».

Dès le 14 avril, l’UCI publia un communiqué pour informer de sa décision de suspendre l’expérimentation des freins à disque. Cette décision faisait suite à la demande de l’Association Internationale des Groupes Cyclistes Professionnels (AIGCP), la démarche étant par ailleurs soutenue par les Cyclistes Professionnels Associés (CPA).

Dans ses attendus, l’UCI réaffirme que la sécurité des coureurs demeure sa priorité absolue.

3 – Autorisation pour les cyclosportives

Le 3 juin 2016 l’UCI autorise finalement l’usage des freins à disque sur les épreuves cyclistes de masse que l’on appelle « cyclosportives »:

« Dans le domaine de l’équipement, le Comité Directeur de l’UCI a approuvé une clarification à ses règlements pour préciser que l’utilisation des freins à disque – déjà largement répandue – est autorisée en vélo de montagne, des essais et de participation (route) des manifestations de masse. Ces règles clarifiées sont applicables avec effet immédiat. Leur utilisation dans les événements sur les calendriers internationaux ou nationaux course sur route reste suspendue à la demande de l’Association des Groupes Cyclistes Professionnels (AIGCP), soutenus par les Cyclistes Professionnels Associés (CPA). » Source: www.uci.ch

C’est une petite révolution car jusqu’à cette décision, tout ce qui se rapportait aux cyclosportives en matière de matériel était calqué sur le règlement de l’UCI. Courses cyclistes classiques et cyclosportives étaient traitées de la même façon. C’est semble t’il sous la pression de l’Association Européenne du Cyclosport (AEC) que l’UCI a changé son fusil d’épaule. On voit mal en effet les organisateurs des cyclosportives contrôler avant le départ toutes les machines des participants.

Mais cette nouvelle situation m’amène à la réflexion suivante. Le coureur Ventoso s’est sérieusement coupé lors d’une chute collective. Les cyclosportifs chutent aussi parfois, mais rarement collectivement car roulant beaucoup moins serrés les uns près des autres que les professionnels. Il n’y a qu’à regarder des photos d’épreuves professionnelles et cyclosportives pour s’en convaincre. Ceci explique sans doute cela ….

4 – L’avenir ?

Pour l’instant, l’utilisation des freins à disque dans les compétitions traditionnelles reste suspendue. Mais pour combien de temps ? Je n’ai aucune information pour essayer de répondre à cette question. D’un côté l’objectif de sécurité plaide pour l’interdiction des freins à disque. Peut-on envisager, par exemple, un carénage des disques pour protéger les coureurs en cas de chute ? De l’autre côté, les constructeurs font pression à leur manière. Il n’y a qu’à voir l’importante offre sur le marché de vélos équipés de freins à disque pour se rendre compte que les constructeurs parient d’ores et déjà sur ce procédé.

Affaire à suivre …

Louis

(publié le 01-10-2016, complété le 6 octobre)

Sources:

site de l’UCI

velo.nico.free.fr/velo-dates-htm

matosvelo.fr/index.php?post/1729/luci-poursuit-lexperimentation-des-freins-a-disque-en-2016

velochannel.com

6 réactions au sujet de « Freins à disque et vélos de route »

  1. Bonjour,
    J’ai 53 ans et je pratique le vélo sous toutes ces formes et surtout le VTT depuis mon plus jeune âge. J’ai eu la chance de voir le progrès apporté par les « f.à.d » (freinage plus mordant, évite le bourrage sur terrains gras, etc…). Dés que j’ai commencé à voir les déclinaisons sur route, je me suis dis, là ça va être une catastrophe. Au vue de l’amateurisme des divers pratiquants qui peuples les rassemblements (cyclos, randos, etc), je me demande comment il n’y à pas d’avantage d’accidents. J’ose espérer qu’ils seront infimes. Par contre pour moi, à partir du moment ou il y aura des pratiquants avec de cycles « f.à.d. » sur les cyclos ou autres, ce sera sans moi. Je préfère me faire plaisir, seul sur des sorties sans risques. Il y a déjà suffisamment de dangers sur la route sans en rajouter de la part de nos « chers fabricants ».

    Sportivement,

    Joseph.

  2. Bonjour Louis,
    je m’étonne que vous écriviez que c’est un disque qui à sérieusement blessé F.Ventoso.
    D’après de nombreuses revues spécialisées et déclarations de personnes évoluant dans le milieu du cyclisme, se serait plutôt la chaîne et la cassette du vélo qui ont occasionné cette blessure
    Pour ma part je pense que le ou les plateaux avant représentent un danger aussi important que les freins à disques
    Merci pour vos excellents articles et salutations sportives
    Pierre

    1. Bonjour,
      N’étant pas témoin de cet événement regrettable, je ne peux que me baser sur ce que j’ai appris par les médias et trouvé sur le net. Les articles et photos publiés et la position de juin de l’UCI ne semblent laisser aucun doute sur l’origine des blessures.
      Cela étant, bien sûr que l’on peut se blesser avec d’autres éléments du vélo, et notamment le grand plateau (si la chaîne est positionnée sur le petit), voire la cassette.
      Il n’en demeure pas moins que les disques constituent une source de danger supplémentaire. Pour l’instant je ne modifie donc pas mon article.
      Cordialement,
      Louis

  3. bonjour a tous ,de tout temps la mécanique évolué
    a nous les hommes de s’adapté. voyons de l’avant
    et tous se fera tout seul.
    en moto il y a des disques mais bon.
    cordialement a tous

  4. Bonjour, je souhaite investir dans un vélo pour pratique en montagne. J’ai un penchant pour le Canyon Ultimate CF SL Disc 8.0 Aero mais ses roues hautes me gênent. Votre avis?
    Je ne suis pas arrêté sur la marque
    Peut-être un autre vélo me conviendrait?

    1. Bonjour,
      Ce vélo est une belle machine. Mais effectivement, en montagne les roues hautes peuvent être un handicap si on n’a pas suffisamment « les jambes ». Certains pros grimpent des cols avec des roues hautes mais, bon …
      Comme Canyon est vendu sur internet, il y a certainement moyen de configurer une autre paire de roues.
      Cela m’est très difficile de donner un conseil avisé car je ne connais pas votre âge, votre gabarit et poids, votre pratique et expérience, etc, etc… Les marques de vélos sont très nombreuses, elles proposent toutes des gammes de vélos adaptées à chaque pratique, course, cyclosport, cyclotourisme, sans parles des gravels. Pour la montagne, il faut privilégier un cadre léger et nerveux, équipé de roues convenant au cadre, rigide mais pas trop (car il faut qu’elles répondent quand on est en danseuse).
      Par exemple, Merida a 2 gammes, les Reacto et les Scultura. Les coureurs de Barhain avaient principalement des Reacto sur le TDF 2019; cependant, Nibali préférait rouler avec son Scultura en montagne, car ce cadre est plus typé montagne.
      De même Look a des vélos excellents dans les cols, avec le Huez. Il y en a une foule d’autres chez les concurrents.
      Dans tous les cas, il faut veiller à ce que l’ensemble cadre/roues fonctionne bien. De belles roues avec un cadre « mou », cela sert à rien, l’inverse aussi.
      Cordialement,
      Louis

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